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Le slop : ce fléau du web et des réseaux sociaux alimenté par l’IA

Le slop : ce fléau du web et des réseaux sociaux alimenté par l'IA

Le slop : ce fléau du web et des réseaux sociaux alimenté par l'IA

Vous avez déjà eu cette impression bizarre en scrollant : tout se ressemble, tout sonne creux, tout sent le déjà-vu recyclé dix fois ? Ce n’est pas (que) vous qui fatiguez. C’est le web qui se remplit de slop.

Slop ? Littéralement, la « pâtée » qu’on sert au bétail. Sur Internet, c’est pareil : un mélange indigeste de contenus générés à la chaîne, sans âme, sans recul, juste là pour nourrir les algos et capter quelques miettes de trafic ou d’attention.

Et spoiler : l’IA est en train de transformer ce problème en tsunami.

Le slop, c’est quoi exactement ?

Le slop, ce n’est pas juste du « mauvais contenu ». C’est une combinaison de plusieurs ingrédients toxiques :

On le repère souvent à deux choses :

La différence entre du contenu moyen et du slop ? Le contenu moyen vient au moins d’un humain qui a essayé. Le slop, lui, est souvent produit comme on fabrique des vis dans une usine.

Pourquoi le slop explose maintenant

Le web a toujours eu ses fermes de contenus, ses blogs poubelles, ses faux avis Amazon écrits un lundi matin à la va-vite. Mais l’IA a changé d’échelle. Elle a rendu le slop :

Trois facteurs se combinent :

1. Les IA génératives écrivent mieux que les pires rédacteurs sous-payés

Avec un prompt vaguement correct, n’importe qui peut générer :

Et comme le texte semble « propre », la plupart des gens ne voient pas le problème… jusqu’à ce qu’ils réalisent que tout est vide.

2. Les modèles économiques poussent au volume, pas à la qualité

Pub display, affiliation, dropshipping, programmatic SEO, influence low-cost… Tous ces modèles ont un point commun : plus de pages, plus de posts, plus de vidéos = plus de chances de gratter des clics.

Quand on peut faire 1 article bien bossé ou 50 articles moyens en un temps équivalent (merci l’IA), beaucoup choisissent… les 50. C’est mathématique, et souvent désastreux pour tout le reste du web.

3. Les plateformes récompensent le “signal”, pas la valeur

Les algos ne lisent pas vraiment. Ils regardent :

Vous pouvez donc inonder une niche de contenu tiède, bien formaté, bien structuré, légèrement racoleur… et gagner la bataille de la visibilité, au moins pendant un temps. Le slop adore ce terrain de jeu.

À quoi ressemble le slop, concrètement ?

Vous en croisez tous les jours. Même si vous ne mettez pas encore un mot dessus.

Sur le web “classique” :

Sur les réseaux sociaux :

Dans le e-commerce :

Le point commun de tout ça ? Ça fait semblant d’être du contenu. En réalité, c’est juste du remplissage.

Pourquoi le slop est un vrai problème (et pas juste un irritant)

On pourrait se dire : “Bon, c’est moche, mais pas dramatique.” Sauf que si, c’est un souci majeur, à plusieurs niveaux.

1. Ça pollue l’attention

Votre temps de cerveau est limité. Chaque minute passée sur un contenu creux, c’est une minute que vous ne passez pas :

Le slop, c’est comme du fast-food mental : sur le coup, ça “remplit”, mais derrière, vous n’avez rien construit.

2. Ça pousse les bons créateurs vers le bas

Quand des fermes à contenus sortent 1000 articles par mois sur une niche, un indépendant qui fait de l’analyse pointue, des tests sérieux, des retours d’expérience concrets… a mécaniquement moins de place dans les SERP, les fils d’actualité, les recommandations.

Résultat : ceux qui produisent du contenu utile se découragent. Et certains finissent par se dire : “Autant faire comme les autres.” Glissement progressif vers le slop généralisé.

3. Ça nuit aux marques

Pour une marque, se dire “on va booster notre contenu avec de l’IA” peut être une bonne idée… ou un excellent moyen de flinguer sa crédibilité.

Quelques effets collatéraux :

Si vos prospects lisent 5 sites de votre secteur et qu’ils ont tous l’air écrits par la même machine, pourquoi vous choisiraient-ils, vous ?

4. Ça fragilise la confiance dans le web

Plus le slop se répand, plus une réaction logique apparaît : le doute systématique.

À force de tomber sur des contenus IA recyclés, on commence à se demander :

Le problème, ce n’est pas l’IA en soi. C’est l’absence de transparence et de responsabilité derrière.

Comment repérer le slop (et éviter de perdre votre temps)

La bonne nouvelle : avec un peu d’entraînement, on développe un radar à slop assez fiable.

Quelques signaux faibles :

Les bons réflexes :

Si vous pouvez changer le sujet de l’article (marketing, sport, santé, développement perso…) sans que ça choque, vous êtes probablement face à du slop.

Marques, médias, freelances : comment ne pas basculer du mauvais côté

On ne va pas faire semblant : l’IA est un outil puissant. Refuser de l’utiliser “par principe” n’est pas plus malin que d’écrire encore au stylo plume pour tous vos contenus.

La vraie question, c’est : comment l’utiliser sans sombrer dans le slop ?

1. Utiliser l’IA pour préparer, pas pour remplacer

L’IA est excellente pour :

Mais dès qu’on passe dans :

…on met un pied (puis deux) dans le marécage du slop.

2. Hyper-spécialiser votre contenu

Là où les IA généralistes brillent moins, c’est dans :

Ce qui fait la différence aujourd’hui :

C’est précisément ce que le slop ne sait pas faire. Exploitez ce fossé.

3. Assumer une voix, un ton, une posture

Le slop est neutre, poli, creux. Vous pouvez vous en démarquer par :

Oui, ça veut dire que tout le monde ne sera pas d’accord avec vous. C’est justement ce qui crée de la valeur : vous existez.

4. Mettre en place des garde-fous internes

Si vous pilotez une équipe contenu ou une agence, posez des règles claires :

C’est moins “scalable” ? Oui. C’est précisément le but.

Le cas des réseaux sociaux : slop à grande vitesse

Sur les réseaux, le slop progresse encore plus vite que sur le web éditorial. Pourquoi ? Parce que la durée de vie d’un post est minuscule et que la pression à la régularité est énorme.

On voit déjà :

Si votre stratégie social media se résume à : “On va poster plus que les autres”, vous jouez exactement le jeu du slop. Et vous vous battez avec les mêmes armes que des fermes de contenus qui n’ont rien à perdre.

Une autre voie existe :

L’IA peut vous aider à gagner du temps sur la forme, mais c’est à vous d’apporter la substance.

Les moteurs de recherche et les plateformes vont-ils nettoyer le slop ?

Question logique : est-ce que Google, TikTok, Meta & co vont laisser faire ?

Ils n’ont pas intérêt à tuer la qualité, parce que si tout devient slop, les utilisateurs partent. Mais ils ont aussi un problème : à court terme, le slop “performant” ressemble à du bon contenu dans leurs métriques.

On voit déjà des réactions :

Ne rêvons pas : les plateformes ne vont pas sauver le web à votre place. Leur priorité, c’est leur business, pas votre santé mentale ou la qualité de l’information.

La responsabilité est donc aussi :

L’IA sans slop, c’est possible ?

Oui. Mais ça demande de changer radicalement la façon dont on la voit.

Si vous considérez l’IA comme un “raccourci pour produire plus”, vous fabriquez du slop.

Si vous la considérez comme :

…alors vous pouvez au contraire augmenter la qualité de ce que vous créez, tant que vous restez aux commandes.

La différence se joue souvent sur une question simple : est-ce que vous seriez fier de signer ce contenu avec votre nom, en face à face, devant quelqu’un qui connaît vraiment le sujet ?

Si la réponse est non, vous savez dans quelle catégorie il tombe.

Le web n’a pas besoin de plus de contenu. Il a besoin de plus de contenu qui ne puisse pas être remplacé par trois prompts et un clic sur “générer”. À chacun de choisir de quel côté il veut se placer.

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